Un rosier chargé de fleurs disait, un jour d’automne, à un figuier son voisin : « Je ne sais quels attraits cachés tu peux avoir : je te vois laid, mal fait, désagréable ; tu n’as que des feuilles très-rudes, et jamais de fleurs ; et cependant, lorsque le maître vient dans son jardin, c’est toujours toi qui reçois sa première visite, qu’il te fait toujours très-longue ; tandis que moi, qui porte la reine des fleurs, agréable à la vue et plus encore à l’odorat, je ne reçois jamais qu’une visite d’un instant, et encore après la tienne. Ou notre maître est fou, ou il ne connait pas mon prix. »
— « Il le connaît, et il est sage, dit le figuier, avec un ton grave ; et la préférence qu’il me témoigne est juste : tu ne lui portes que des fleurs ; et moi je lui donnes des fruits. »
“Le Rosier et le Figuier”