Dans les buissons touffus d’un mystérieux bois,
Le premier jour qu’il déployait son aile,
Un jeune rossignol, par sa flexible voix,
Captivait l’arbre de Cybèle.
” Si tu voulais me croire, aimable Philomèle,
Lui disait le roi des forêts,
Sous mes rameaux verts tu viendrais
Faire entendre ton doux ramage.
Enlevé par mon bras puissant,
Fier, tu dominerais l’horizon du bocage
Sur mon sommet éblouissant. ”
Le ténor emplumé se dérobe à sa mère,
Et quitte imprudemment sa paisible bruyère
Pour les trompeurs attraits du colosse rameux.
A peine est-il perché, Dieu veut qu’il se repente ;
Car un orage gronde, et la foudre brûlante
Brille, éclate, et détruit le chêne audacieux.
Notre étourdi retombe en son humble retraite,
Dégoûté des hauteurs que trouble la tempête.
Et retrouve le calme au nid de ses aïeux.
Ah ! quand pour nous surprendre on étale à nos yeux
Des séjours plus riants que notre asile antique
Craignons pour notre orgueil cet appel dangereux :
Il n’est de sûr abri qu’au foyer domestique.
“Le Rossignol et le Chêne”