Le tendre Rossignol & le galant Moineau
L’un & l’autre amoureux de la jeune Fauvette
Sur les branches d’un ormeau
Lui parloient un jour d’amourette.
Le petit chantre aîlé par des airs doucereux
S’efforçoit d’amollir le coeur de cette belle;
Si vous voulez me rendre heureux,
De mes douces chantons vous savez l’harmonie.
Elles ont mérité les suffrages des Dieux ,
Désormais je les sacrifie .
A chanter vos beautés, votre nom en tous lieux.
Les échos de ces bois le rediront sans cesse
Et j’aurai tant de soin de le rendre éclatant,
Que votre cœur sera content
De voir l’excès de ma tendresse.
Et moi dit le Moineau , je vous baiserai tant.
A ces mots le procès jugé fut à l’instant
En faveur de l’oiseau qui porte gorge noire,
On renvoya l’oiseau chantant,
Voilà la fin de mon histoire.
“Le Rossignol , la Fauvette et le Moineau”
- Étienne Pavillon – 1632 – 1705