Un singe passant dans un bois,
Vit quelqu’un ramasser des noix;
Il l’imite , il en saisit une,
Et la mangeant comme une prune,
Du premier coup de dent il en quitte un morceau,
Non pas du fruit, mais de la peau :
La trouvant fort amère ,
Notre singe à l’instant,
Sans mordre plus avant,
Jette la noix par terre,
Et sans goûter le fruit, s’en alla mécontent.
Le magot fut trompé par son impatience :
Cela doit arriver aux gens
Qui perdent tout espoir au premier contre-temps.
Il faut en tout de la persévérance.
Cette fable est d’Ésope.
“Le Singe et la Noix”
- Jean-Espérance-Blandine de Laurencin – 1733 – 1812