Monsieur D
Fabuliste contemporain – Le Soleil et le Flocon ©
fable régénérative
Parfois, il arrive au printemps
Que tombe encore un peu de neige…
D’où ce flocon, tout neuf et tout luisant,
Interrogeant le sens d’une vie bien trop brève :
« N’en connaitrai-je de la vie
Que sa plus cruelle partie,
Et jamais les plaisirs du ski,
Du traîneau et de son Husky ?
Ou la joie d’être solidaire
Englobé à mes congénères,
Grosse boule glacée,
Par une enfant lancée.
Déjà, mollement, je m’efface,
me raccourcis,
me racornis,
Sous le soleil, comment rester de glace ? »
« Cesse tes récriminations,
Tu ne fais que fondre! »
répondit le soleil. « Sur ces questions,
« Pas de quoi te morfondre,
Car bientôt,
Changé en eau,
Torrents, tu grossiras
Montagnes, tu dévaleras
Jusqu’au jour ou tu jailliras
Et à tous, la vie, transmettras !
Neige n’est qu’un premier passage,
Tu connaîtras bien d’autres âges !
Mais ce premier état
Toujours te sourira. »
Il en va du flocon comme de notre enfance,
A peine entraperçue, s’en va son innocence ;
Mais sans son eau à satiété
De quoi se nourrirait notre été ?
Monsieur D, Le Soleil et le Flocon. Tous droits réservés ©