Louis Tremblay, l’Esope chrétien
Sur le verglas un jeune enfant marchait,
Puis, ainsi qu’il est d’ordinaire
A ceux-là que tout vient distraire,
Il chancelait et trébuchait,
Et son nez quelquefois allait toucher la terre…
Or parmi des enfants qui le regardaient faire,
Les uns riaient comme des fous
A chaque fois qu’une culbute
Venait consommer une chute ;
Biais d’autres disaient : « Garde à nous !
Le même sort pourrait bien nous atteindre ;
Attention ! nous avons tout à craindre… »
C’est pourquoi, d’un pas attentif
Et craintif,
Ceux-là marchaient prudents et convenables ;
Aussi ne tombèrent-ils pas.
Quand les premiers, moqueurs infatigables,
Et par cela devenus incapables
De la réflexion qui mesure ses pas,
Glissaient, roulaient sur ce verglas…
— Ah ! des chutes de ses semblables.
Par un retour vers soi conduit,
L’homme vraiment humble s’instruit ;
Mais celui qui se livre à des rires coupables
En voyant choir autrui
Doit tomber un jour comme lui.
“Le Verglas”
Soyez toujours sur vos gardes, et ne riez pas des disgrâces autres.
(Grégoire de Nazianze, est un théologien et un docteur de l’Église.)