Chercher des torts au malheur,
Ou repousser avec aigreur
L’infortuné dont la plainte importune,
N’est pas le propre d’un bon cœur.
Un indigent entrait dans la cour d’un seigneur.
Compagnon de son infortune .
Un chien, suivait ses pas. Des valets insolents.
S’y trouvaient réunis, et n’avaient rien à faire
Que de s’amuser aux dépens
Du pauvre chien, du pauvre hère. »
Vois ce gueux, disait l’un, qui veut nourrir un chien,
Et qui de pain manque lui même!
— Ne nous étonnons pas, Messieurs, qu’il soit si blême ,
Disait un autre, il le mérite bien.
Plutôt que de donner l’aumône à ce vaurien,
Noyons le chien et houspillons le maître. »
Ils le disaient, et l’auraient fait peut-être,
Si l’un deux, moins méchant, ne les eût retenus, »
Hélas ! dit le vieillard, d’une voix suppliante.
Les yeux en pleurs. les sens émus,
Pardonnez-lui son amitié constante !…
Il me montre, le jour, les sentiers peu connus
Où seul je n’oserais confier ma vieillesse ;
La nuit, il veille à mes côtés ;
Lorsque je souffre, il me caresse.
Semble me plaindre et sa tendresse
Allège le fardeau de mes infirmités :
Le peu de pain qu’on me donne
Je le partage avec lui.
Si c’est un crime, ah ! Dieu me le pardonne !
Mais ce chien est mon seul appui ;
Seul témoin de mes pleurs et des maux que j’endure.
Je n’ai que lui dans la nature ;
Mes bons amis, si l’on m’en séparait,
Vieillard et malheureux, hélas ! qui m’aimeraient ?… »
Explication morale :
Que de gens égoïstes ou avares cherchent dans les infortunés qui les implorent les vices odieux qu’eux-mêmes recèlent dans leur cœur : et cela pour être dispensés de venir à leur secours ! » Ce sont dès fainéants, des paresseux, des mauvais sujets, » Eh! mes enfants, ils sont à plaindre, cela doit vous suffire. Donnez, sans faire un crime au malheureux d’une dernière consolation qui, peut-être lui reste encore; donnez, et dans le doute craignez d’affliger une âme honnête, et d’ajouter à sa peine par des reproches d’autant plus sensibles qu’ils sont souvent peu mérités. Souvenez-vous que l’aumône enrichit plus celui qui la fait que celui qui la reçoit. (Le Vieillard et son Chien)
“Le Vieillard et son Chien”