Un vieux rat tout perclus, tout chauve, tout grison,
Mis en péril par son grand âge,
Manda près de lui son raton
Et lui tint ce prudent langage :
– Garde-toi, tant que tu vivras,
Des festins que tu trouveras
Tout préparés dans des logettes
Trop bien construites et trop nettes ;
Aux trous les plus profonds reste souvent blotti,
Ne mords jamais à rien sans regarder derrière.
Gare le chat et la ratière !
Adieu, tiens-toi pour averti.
Le père mort, Raton sort du trou, puis s’y cache,
Va, revient, s’accroupit en frottant sa moustache,
Puis fait en sautant quelques pas.
– Par Jupiter, dit-il, qu’aperçois-je là-bas ?
Une cabane ouverte … un lopin de fromage !
C’est sans doute mon héritage.
Je n’aperçois autour ni ratière ni chats,
Entrons bien vite en jouissance.
En quatre bonds Raton s’élance,
En deux coups de dents … il est pris.
Jeunesse n’a jamais compris
Les leçons de l’expérience.
“Le vieux Rat et le Raton”