D’un domaine qui fut négligé trop long-temps,
Un riche Villageois venait de faire empiète.
Un jour, au retour du printemps,
Il vient le parcourir, armé de sa serpette.
Au premier pas qu’il fait dans le jardin,
Dans un coin, envahi par la ronce et l’épine,
Il aperçoit un pied de beau Jasmin
Prêt à périr : car, déjà, la racine
De la ronce cruelle avait senti la dent :
« Ah ! mon Dieu, dit-il, quel dommage !
Sauvons-le, s’il se peut, de la mort qui l’attend. »
Soudain, se mettant à l’ouvrage,
Et, grâce à l’instrument dont il arma sa main,
Il débarrasse le Jasmin,
Avec soin le transplante, et le fume, et l’arrose,
Aux rayons du soleil l’expose,
Enfin le soigne tant le soir et le matin,
Que l’arbuste devint l’ornement du jardin.
Toujours les factieux écartent le mérite :
Hommes d’État, sachez le déterrer,
Qu’il soit mis à sa place et, quoiqu’on s’en irrite,
J’ose vous garantir qu’il saura prospérer.
“Le Villageois et le pied de Jasmin”