Joseph POISLE-DESGRANGES
Autrefois régna dans Salente
Un prince dont l’humeur aimante
S’occupait d’adoucir la misère et les maux.
Ce prince en arrivant en Grèce
Voulut, sans qu’on le reconnaisse,
Visiter partout les travaux.
On lui montra d’abord les beautés de la ville :
Les places, les palais, les jardins d’agrément ;
Mais devant les grandeurs il restait immobile
Et ne songeait qu’au peuple. Un vaste bâtiment
Frappa seul ses regards. — Quel est ce monument
Dont les murs s’élèvent de terre ?
Demanda-t-il alors ; serait-ce un monastère ?
— Non, sire, répondit un de ses courtisans :
C’est la prison d’État destinée aux méchants.
Votre prédécesseur conçut celle œuvre immense,
Et sous votre ère elle commence.
— C’est bien, reprit le roi, sans paraître surpris ;
Mais d’où vient que dans ce pays
On n’ait pas eu dessein de construire un hospice?
— Sire, il est vrai qu’on voit beaucoup de malheureux,
Mais on n’a rien bâti pour eux.
— Laissons donc, dit le roi, le soin à la justice
De loger les méchantes gens ;
Quant à moi, je fais vœu que pour les indigents
J’achèverai cet édifice.
“L’Édifice”