Un écolier, c’était un bon lutin,
De son grand père obtint une arbalète.
Et pour user de sa conquête
N’attendit pas le lendemain.
Mais il tendit la corde avec tant de mollesse
Qu’il vit le trait, au sortir de sa main,
Tomber à ses pieds de faiblesse.
Il lui voulut alors donner plus de vigueur.
C’était le cas ; mais par malheur
Un enfant va toujours de l’un à l’autre extrême ;
Et dans le nombre it en est même
Qui, toujours enfants sur ce point,
Prennent de l’âge et ne vieillissent point.
Le voilà donc contre la terre
Appuyant un des bouts du bois,
Puis sur l’autre, en tirant la corde qui se serre.
Pressant, pressant de tout son poids.
Hélas ! Le bois se rompt et lui saute au visage.
Le soin de gouverner est-il notre partage.
Soyons fermes et doux, mais pas plus qu’il ne faut.
Excès de qualité peut devenir défaut.
“L’Enfant et l’Arbalète”
- Jacques-Melchior Villefranche – 1829 – 1904