Louis Tremblay, l’Esope chrétien
Assis an bord d’un lac aux rivages splendides,
Un enfant regardait, attentif et muet,
Les flots ridés de ses ondes limpides,
Et son œil semblait inquiet
Son attitude et sa jeunesse
Attirèrent bientôt un bon vieillard vers loi,
Un de ceux-là dont la sagesse
Se compose des sucs qu’elle tire d’autrui,
Qu’une fleur, qu’un oiseau, qu’un enfant intéresse…
A quoi songez-vous là, lui dit-il, mon ami? »
— Hier, répond l’enfant, à cette même place
Je voyais se mirer comme au fond d*une glace,
Dans ce beau lac qui semblait endormi,
Ce que je vois d’ici, ces superbes rivages,
Leurs lapis verts et leur sol brun,
Le ciel, le ciel surtout, avec ses beaux nuages ;
Et cela me semblait comme deux paysages :
Aujourd’hui je n’en vois plus qu’un,
Et je m’en demandais tout à l’heure la cause…
« C’est qu’hier de ce lac où ton regard se pose,
Enfant, les flots n’étaient pas agités;
Et qu’au travers de sa nappe profonde
Aujourd’hui le vent souille et gronde,
Et que ses flots sont tourmentés. »
— L’âme est comme ce lac. Quand son onde mobile,
Claire au dedans comme au dehors,
Est paisible, pure et tranquille,
Le ciel éternel, Dieu, s’y réfléchit : alors
La foi rayonne dans une âme.
Mais si la passion mauvaise y vient souffler,
Si le vice a pu la troubler,
La tempête du doute alors brise sa lame;
Et dans son flot battu, sali, terne, agité,
Rien ne s’y mire plus qui ne s’y dénature…
— C’est qu’il faut qu’une âme soit pure
Pour réfléchir le Dieu de toute pureté !
“L’Enfant et le Lac”
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.
(Saint Matthieu, un des douze apôtres de Jésus Christ.)
La simplicité cherche Dieu, et la pureté le trouve.
(Imitation.)