Dans un beau jour de printemps, Webmord alla à son jardin avec son petit garçon. Ils contemplaient avec une extrême attention les arbres, les fleurs et les plantes, d’où pendaient des gouttes de rosée comme des perles brillantes.
Pourquoi cet arbre est-il si beau et si droit ? disait le petit Jean à son père ; et pourquoi l’autre ne l’est-il pas?
C’est, répondit le père, qu’on l’a ainsi dressé dans le principe, qu’on l’a attaché et qu’on l’a taillé; au contraire, on a laissé croître celui-ci sans aucun soin.
Et pourquoi ces fleurs sont-elles déjà si bien levées et que les autres ne le sont pas ? demanda encore Jean,
Parce qu’elles sont mieux cultivées que les autres, fut-il répondu.
Cela y fait donc beaucoup ? dit Jean attentif. Certes oui, dit le père, et vous pouvez en tirer une bonne leçon pour vous-même.
Vous ressemblez à ce beau jeune arbre. Si je ne vous laisse pas faire à votre gré tout ce qui vous plait ; mais si je vous dis ce que vous devez faire ou ne pas faire ; si je vous punis de vos fautes ; si je vous fais apprendre des choses utiles, et si vous êtes obéissant, alors vous pouvez aussi devenir un bon arbre fruitier parmi les hommes.
Vous ressemblez aussi à ces fleurs. Je vous ai élevé avec tout le soin possible : je n’ai épargné ni peine ni zèle pour vous. J’espère donc aussi qu’à ma grande satisfaction vous fleurirez parmi les hommes, comme ces plantes brillent parmi leurs compagnes.
“Les Arbres et les Fleurs bien soignés”
- Hippolyte de la Courcelle, 18..