En région hyperborée,
Deux cygnes se jouaient en paix
A travers les roseaux épais
D’un lac ; mais cette paix fut de courte durée.
Par hasard un chasseur vint là,
Et tant, de l’une à l’autre rive,
Pourchassa l’espèce craintive,
Que vers un autre lac le couple s’envola.
C’était pourtant peine inutile ;
Il n’y fut pas trois jours tranquille
Qu’ailleurs il fallut s’en aller ;
Car un autre chasseur vint encor les troubler.
Ils passèrent en Angleterre.
L’homme aussitôt leur fit la guerre.
En France, en Suisse il se trouva ;
Même chose en tous lieux aux cygnes arriva.
Retournons en notre patrie,
Dirent enfin nos deux oiseaux ;
Voir encor la rive chérie
De notre lac natal, et voguer sur ses eaux
Sera pour nous un bien suprême !
Rien là de plus à redouter
Qu’ici ; nous n’en pouvons douter :
Qu’on aille où l’on voudra, partout l’homme est le même.
“Les deux Cygnes”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859