Deux enfants, en faisant l’école buissonnière.
Aux environs de leur pays,
Virent au pied d’un arbre un gros nid de fourmis.
L’un dit : — Si tu veux m’aider, frère,
À remuer, bouleverser
Les œufs de cette fourmilière,
Nous allons bien nous amuser.
Tandis qu’avec leurs pieds nos gamins démolissent
Ce palais avec peine et tant de soins construit,
Et qu’avec plaisir ils jouissent
Du fâcheux effet que produit
Sur ce peuple alarmé cet acte de barbares,
Des fourmis, qui veillaient au salut de leurs lares,
Se glissent sous leurs vêtements
Et par leurs sanglantes piqûres
Leur font jeter des cris perçants.
Leur mère vite accourt et bravant les morsures
De ce peuple en fureur, en révolution,
Détourne sa vengeance encore inassouvie,
Et leur dit : ~ Mes enfants, puisse cette leçon
Ne vous faire jamais oublier de la vie
Que toute méchante action
Est d’un prompt châtiment presque toujours suivie.
“Les deux Enfants et la Fourmilière”