Philippe Barbe
Homme d’église, traducteur et fabuliste XVIIIº – Les deux enfants
Deux Enfants ayant vu des noix sur une table,
Dirent, ne soyons point gourmands.
Partageons-les à l’amiable.-
Le plus rusé des deux Enfants
Avec plaisir se chargea de l’ouvrage,
Cassa les noix, et choisit le dedans :
Les coquilles à l’autre échurent en partage,
Et résistèrent à ses dents.
L’Enfant dupé résolut en lui même
De punir quelque jour cette malice extrême.
Bientôt après, l’occasion s’offrit.
Sur la table il vit des olives.
A l’instant ses mains attentives
Se saisissent de tout le fruit.
De chaque olive partagée
Il saisit le noyau, donne à l’autre la chair ;
Et se moquant de lui : ta malice, mon cher,
Méritait bien, dit-il, d’être ainsi corrigée.—
L’expérience, sans esprit,
Ne sert à rien. La preuve en est dans ce récit.
Philippe Barbe, Les deux enfants