Poursuivi par des chiens, tout à travers la plaine
Un timide lapin courait à perdre haleine.
Il rencontre un ami qui, sans souci, broutait
El le thym et le serpolet.
« Où courez-vous ainsi, compère,
Lui cria celui-ci ; quelle importante affaire… »
« Je fuis ces lévriers que vous voyez là-bas. »
« Des lévriers… mais vous n’y pensez pas.
Ce sont des bassets, je vous jure. »
« Des bassets n’auraient pas cette légère allure :
Ce sont des lévriers. »- « Non, ce sont des bassets. »
Les chiens, en arrivant mirent fin au procès.
Sur les plaideurs ils se jetèrent
Et sans pitié les étranglèrent :
Ce fut l’affaire d’un instant.
« Ah ! dit un des lapins à son dernier moment,
Nous méritons notre infortune:
Sots que nous fûmes d’engager
Cette dispute inopportune,
Au lieu de fuir promptement le danger. »
“Les deux Lapins”
- Théodore Lorin, 18.. – 18..