Fuyant au travers d’une plaine,
Un lapereau courait, volait.
Un autre Carrelant : Qu’avez-vous, s’il vous plaît ?
Et qui vous fait ainsi courir à perdre haleine?
— Ah dieux ! je n’en puis plus ! Voyez-vous pas là-bas
Ces deux maudits bassets attachés à mes pas ?
Oui, dit l’autre, je vois…. Mais, plus je considère….
Ils ne sont point bassets.— Et quoi donc ? — Lévriers.
— A d’autres ! lévriers ? vous vous moquez, j’espère.
— Point, mais pour vous, je crois, ceux-là sont les premiers.
— Allez, on s’y connaît autant que vous, compère.
— Lévriers je les tiens, moi, barbe de lapin !
— Moi bassets, oui bassets, aussi bassets…. Soudain
Tombent sur eux bassets ou lévriers, n’importe.
Un seul coup de patte à chacun
Les mit d’accord de bonne sorte.
Ce désastre est assez commun
Surtout aux parlements, ces gouvernants frivoles
Qui, lorsqu’il faut agir, s’épuisent en paroles.
“Les deux Lapins”
- Jacques-Melchior Villefranche – 1829 – 1904