Jean-Joseph Vadé
Jeunes gens, travaillez et devenez capables,
La science est un bien qui ne périt jamais…
Allez, me direz-vous, parlez à vos semblables;
Pour prendre de tels soins nous ne sommes pas faits;
Sur de grands protecteurs nos intérêts se fondent :
Monseigneur tel nous veut du bien…
C’est beaucoup! mais cela n’est rien
Si vos talens ne les secondent.
Deux nageurs, un beau jour d’été,
S’égayaient au milieu de l’onde…
L’un d’eux surtout, par sa dextérité,
Par mille tours arrêtait tout le monde.
Tantôt d’un bras fendant les flots
Il semblait les rendre dociles.
Et tantôt ses jambes agiles
Lui suffisaient pour voguer sur le dos.
L’autre, aidé de deux calebasses,
Et pesamment détachant quelques brasses,
S’imaginait le surpasser:
Même il osa lui proposer
De traverser la rivière…
Ah! dit l’autre, l’orgueil vous tient,
Ou vous riez; car, mon pauvre confrère.
Sans le secours qui vous soutient.
Vous nageriez comme une pierre…..
Eh! mon Dieu, qu’importe! Essayons…
Vous le voulez? Eh bien, voyons…
Ils partent, le nageur habile.
Sans se gêner, arrive au bord,
Et l’autre, après une peine inutile,
Prêt à succomber sous l’effort,
S’aperçoit un peu tard qu’il n’est qu’un imbécile;
Et dans l’endroit le plus profond
Les gourdes, s’échappant de leur lien fragile.
Laissent couler mon sot à fond.
La science bien dirigée,
Par les flots des revers n’est jamais submergée.
Le vrai mérite est un sûr aviron;
Mais l’ignorance protégée,
Le patron mort, fait le plongeon.
*Les deux Nageurs