Dorimon à diner engagea son voisin;
Mais il avait son but, quoique n’en disant rien.
Il était mélomane ; et son dessein unique
Ne fut que de lui faire admirer sa musique.
On dine, et ses chanteurs vous font entendre un train ;
A vous déchirer les oreilles.
L’un en majeur, L’autre en mineur,
Jamais sabat de chats n’offrit scènes pareilles.
Le voisin tout abasourdi
En avait la tête rompue ;
Mais , mon cher, ce charivari,
Dit-il à son hôte, me tue ,
De grâce , épargne mon cerveau ;
Ces gens ne chantent pas, sans conscience ils braillent.
Que trouves-tu là de,si beau?
Pour moi, d’honneur , ils me tenaillent.
C’est vrai , reprend l’Amphitryon,
Avec quelque confusion ,
Ils écorchent un peu , mais je, le certifie,
Dans les vignes pas un ne se mit de la vie.
Quant à moi je dirai : buvez plutôt un peu ;
Mais lorsqu’on joue, il faut se mettre au fait du jeu.
“Les Musiciens”