Tous jeux de mains sont dangereux;
De s’en abstenir c’est prudence ;
Ce n’est que ris quand on commence ;
Après suivent les pleurs; et la fin de ces jeux
Est qu’il survient souvent des accidents fâcheux.
Deux poulains de très bonne race,
Grands, bien faits, marchant avec grâce,
En folâtrant ensemble dans un pré,
Après avoir bien pâturé,
Des crins flottants de leur queue ondoyante,
Prenaient plaisir a se donner des coups.
C’était d’abord une guerre innocente ;
Mais un coup malheureux, excitant leur courroux
En un combat changea la fête.
Ce coup étant tombé sans dessein sur la tête
D’un de nos deux poulains, son œil fut; offensé.
L’animal se sentant blessé,
Vous lâche à l’autre une ruade,
Que celui-ci rend à son camarade ;
Bref, tant la colère éclata,
Que la scène s’ensanglanta,
Et l’agresseur sortit le plus malade.
Enfants, que ce malheur vous serve de leçon.
De vos jeux c’est ici l’image ;
Entre vous, par les pleurs finit le badinage.
Des plaisirs innocents, que permet la raison,
Et que l’on accorde a votre âge,
Sachez faire un meilleur usage.
“Les deux Poulains”