Par un beau jour d’été, les Singes dans un bois
Jouaient à l’escarpolette.
Un rien les divertit. C’est des Singes, je crois,
Que nous vient cette amusette.
Un cordon soutenait le poids
De celui qu’on plaçait sur la frêle machine.
D’autres poussaient d’en bas, et le faisaient mouvoir.
Tandis qu’en l’air on le chemine,
Singes, guenons, makis riaient, il fallait voir !
Un autre vient, assied sa croupe
Sur la corde mobile, et le voilà poussé.
Mais le drôle se fâche ; il se plaint à la troupe
Qu’il n’est pas assez haut lancé.
On redouble d’efforts, on tire, on se trémousse,
On le guinde ; peu s’en faut
Qu’il n’aille au ciel. Et lui, veut toujours qu’on le pousse.
On l’enlève si haut, si haut,
Que la tête lui tourne ; il chancelle, il culbute,
Il tombe, et se fracasse un bras.
Prends un juste-milieu, tu préviendras ta chute.
Le sage ne se tient ni trop haut, ni trop bas.
“Les Singes”