L’Orage avait détruit le nid d’une hirondelle;
Elle fatiguait l’air de ses gémissements,
Et maudissait les éléments ;
Pour tout dire en deux mots, dans sa peine cruelle,
A son secours elle appelait la mort.
Qui le croirait? ce triste sort
Intéressa Margot la pie ,
Margot, dont on connaît le méchant naturel :
« Quoi ! dit-elle, ma chère amie ,
« Vous devez donc quitter votre toit paternel?
« Venez chez moi, je vous en prie;
« Mes foyers sont fort spacieux;
« Venez, nous causerons : vous y serez au mieux. »
— « Voisine, je vous remercie,
Répondit sans délibérer
Notre exilée un peu surprise ;
« Nous ne pourrions, ( excusez ma franchise )
« Long-temps ensemble demeurer. »
Ce refus est une sottise,
Dira-t-on ; mais, pour moi, je le trouve à ma guise,
Et je ne puis trop l’admirer.
Recevoir des bienfaits de l’être qu’on méprise ,
N’est-ce pas se déshonorer?
“L’Hirondelle et la Pie”