Eh ! vous voilà, ma bonne amie,
Disoit la babillarde pie
A l’hirondelle au retour du printemps !
Vous paraissez vous bien porter, ma mie,
Ainsi que votre époux et vos jolis enfans ?
Vous êtes tous heureux, vous faites bon ménage ;
C’est assez rare dans ce temps.
Contez-moi donc histoires de voyage.
Qu’avez-vous vu de curieux,
Et rencontré de dangereux ?
Dans nos forêts point de nouvelles :
Les criailleurs de geais sont toujours en querelles ;
Les avides moineaux dévastent prés et champs,
Les Fauvettes enfin chez nous sont infidelles
Sans cesse à leurs maris, et même à leurs amans.
Non loin de ce chêne où j’habite,
Et près de la masure autrefois votre gîte,
Demeurent depuis peu de tendres tourtereaux ;
Ce sont de bons voisins, mais de tristes oiseaux :
La tourterelle
Est douce et belle ;
Mais, entre nous, il n’est rien de si sot :
Elle reste avec moi toute l’après-dînée,
Sans desserrer le bec, sans me dire un seul mot ;
Je crois que sans parler elle passe l’année ;
Avez-vous connu de vos jours
Plus insupportable femelle ?
Oh ! oui, repartit l’hirondelle,
C’est celle qui parle toujours.
“L’Hirondelle et la Pie”
- La Marquise de la Ferrandière, 1736 – 1819