Un jour le moineau franc disait à l’hirondelle :
« Comment faites-vous donc, la belle,
Pour vivre ainsi sans bruit, sans haine et sans courroux?
C’est tout le contraire chez nous,
Et du matin au soir nous sommes en querelle ;
Chacun de nous prétend qu’à son frère est le tort,
C’est à qui criera le plus fort :
On se bat, et la paix souvent naît de la mort.
— Pour ramener la paix, répondit l’hirondelle,
Des combats et la mort!… La manière est cruelle,
Et paraîtrait chez nous indigne d’un bon cœur.
Nous avons bien aussi notre moment d’humeur,
Mais fût-il encore plus terrible,
Je sais pour l’apaiser un moyen infaillible.
— Et quel est-il, dites-moi? — La douceur. »
Pour bien vivre en famille, et d’un ami, d’un frère,
Pour désarmer la voix et vaincre la colère,
Ce moyen, le plus simple, est toujours le meilleur.
L’Hirondelle et le Moineau Franc, Edmond de Fontanes