Quoi ! l’avenir jamais ne t’inquiète ?
Disait un jour l’hirondelle au pigeon.
Mais nous voici pourtant dans l’arrière-saison.
Lorsque tu vois qu’au départ je m’apprête ,
Tu ne songes qu’à tes amours.
Ainsi s’écoulent tes beaux jours.
Cependant quand l’hiver ramène les orages,
Quand les fougueux autans font gémir ces bocages ,
Que ton sort est affreux! Toujours peine et malheurs:
Les lacets , la disette , ou le plomb des chasseurs ,
La bise, les frimas, hélas! pauvre pécore ,
Tous les maux conjurés t’assiègent dès l’aurore.
Suis-nous, franchis d’un vol le liquide élément :
Tu verras d’autres cieux , un climat différent.
Sur les bords fortunés d’une rive fleurie ,
Tu retrouveras Flore et sa cour embellie.
— A visiter ce séjour enchanteur,
Diserte voyageuse , en vain l’on me convie :
Ce n’est qu’au sein de sa patrie
Qu’on peut jouir d’un vrai bonheur.
Un conseil quelquefois peut être bon à suivre;
Mais pourtant par conseils gardons-nous de déchoir :
A qui sait se fixer, la raison , pour bien vivre ,
Tient lieu de science et savoir.
“L’Hirondelle et le Pigeon”