Louis Fayeulle, le menuisier-poète de Boulogne-sur-Mer, né le 3 septembre 1764, Le père Jean Jacques Antoine Fayeulle est maître menuisier ; il meurt le 22 novembre 1771 à l’âge de 36 ans.
FABLES :
- Le Papillon, le Zéphyr et la Rose
- L’Hirondelle et le Pigeon
- Avis au Barbons
- Le singe et le Perroquet
- Le Bon Conseiller
- Le Myrte et le Cyprès
- L’Âne et le Mouton
- L’Ambition, la Fortune et le Bonheur
- La Grenouille et le Bœuf
- Le Jardinier fleuriste et la Modiste
- La Rose et la Sensitive
- L’Araignée et le Ver à soie
- Les deux Voisins
Avis préliminaire : (Extrait )
Voyons , soyons de bonne foi : vous n’exigez assurément d’un pygmée les travaux d’un Hercule , pour parler sans allégorie, vous ne vous attendez pas à trouver dans ce recueil tout le coloris fraîcheur et la perfection où l’on ne parvient qu’à l’aide d’une éducation soignée , du loisir, et de les ressources qui me manquent. Je suis l’homme de la nature , en un mot un simple artisan , n’ayant acquis que par la lecture et le goût d’un art qui toujours fait mes délices , quelques notions des belle-lettres ; aussi n’ai-je aucune prétention aux laurier du Pinde. Cependant ( honni soit qui mal y pense !) il est certain que sans un peu de folie et une certaine dose d’amour-propre , on ne s’aviserait jamais de rien.
A cet aveu on s’apercevra facilement que j’habite le pays des chimères : eh bien ! soit ; il en est tant de préjudiciables, que je m’applaudis de mon lot.
En me servant d’anciens proverbes, je dirai : Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli.
J’ai néanmoins quelques raisons de craindre qu’avec toutes les belles choses dont je viens de vous entretenir, quelque humoriste ne reproche à ma franchise de pousser trop loin l’oubli des convenances , et de vouloir abuser de votre indulgence. Si cependant, et ce n’est pas là mon intention , il arrivait que j’eusse disposé quelqu’un de vous à concevoir de moi une opinion défavorable, qu’on n’approuvât pas ma logique, ou que l’ennui aux ailes de plomb contraignît le lecteur fatigué à fermer la paupière , je n’y verrais rien de nouveau : il en est bien d’autres qui, en pareil cas, par leurs productions somnifères,
Vous ont vus succomber aux charmes du repos, Et Morphée à vos sens accorder ses pavois.
Il faut convenir aussi, Messieurs , que personne n’est obligé de se morfondre à me commenter et à me disséquer. D’ailleurs, s’il se trouvait quelques critiques injustes, nouveaux Don Quichotte littéraires, qui fussent tentés d’entrer en lice , je leur déclare que j’ai en réserve chevilles à boucher plus d’un trou.
J’invite donc les censeurs atrabilaires et caustiques à laisser circuler en paix ces essais , qui, peut-être , hélas ! semblables aux simples (leurs des champs , seront foulés aux pieds de la superbe ignorance et de l’orgueilleuse nullité. Certes , une semblable réflexion n’est guère propre à chatouiller la vanité d’un poète ; mais aussi n’est-il pas des circonstances dans la vie , où, pour braver les coups du sort, il est bon d’user d’un peu de philosophie?
Que de hasards, hélas! s’en vont courir
Ces fruits tardifs d’un aimable loisir !
S’en consoler, c’est être sage.
Que m’importe un censeur chagrin ,
Qui, le cœur froid la plume en main,
De tout blâmer fait son ouvrage !
- Fayeulle, Louis (menuisier à Boulogne-sur-mer). Poésies diverses, par Louis Fayeulle,…. 1829.