Abel Fabre
Abbé, instituteur et fabuliste XIXº – L’Octogénaire et l’Écolier
Un bon vieillard octogénaire,
Un de ces vieux bénis que l’on aime et vénère,
Assis au bord d’un grand chemin,
Roulait, préoccupé, deux poires dans sa main,
Un écolier vient le distraire.
Le vieillard lui sourit, et l’interroge ; enfin,
Une poire, une seule est offerte au gamin.
Un enfant ne refuse guère :
Il la prend aussitôt, la mange et considère
La main de l’homme généreux,
Pendant que doucement la poire se digère.
« Eh! bien, que fais-lu là, lui dit l’excellent vieux ?»
— « Monsieur, reprit le bon apôtre,
J’attends que vous me donniez l’autre. »
Abel Fabre