Le Rossignol charme les bois,
Mais le Serin charme les heures
Des plus monotones demeures
Par les doux accents de sa voix.
Il apprend, l’oreille attentive,
Les leçons des musiciens.
Jeune chanteur, joyeux convive,
Près d’eux il chérit ses liens.
Il fait entendre son ramage
Pendant l’hiver comme au printemps,
Et son jargon, son badinage,
Sont des jeux simples, innocents.
Gai compagnon, dans la mansarde,
De l’Orpheline aux cheveux blonds,
Tout familier, cet heureux barde,
Redit encore ses chansons.
— « Serin captif près de Constance.
« Toi seul, hélas! es tout mon bien.
« Quand je fonde mon espérance
« Sur mon labeur quotidien.
« Oh! chante, chante, lui dit-elle,
« Pour charmer mes tristes ennuis.
« Avec toi, ma prison est belle,
« Dieu seul et toi sont mes appuis.
« Ah! viens consoler ta maîtresse…
« A ces mots flatteurs, le Serin
Vient se reposer sur la main
Qui le nourrit et le caresse,
Et, son joli bec s’entr’ouvrant,
Il lui témoigne sa tendresse…
Puis, la parole survenant,
Il dit : « Priez toute seulette,
« Oui, Dieu bénira vos travaux;
« Qu’aucun soin ne vous inquiète
« Pour l’avenir, votre repos.
« Apprenez que sa providence
« Préviendra vos pleurs et vos maux:
« Qu’il fournit aux petits oiseaux
« Et la pâture et l’assistance;
« Que tout pain sué, bien acquis,
« Est savoureux, d’un goût exquis,
« Et rend forte la conscience. »
“L’Orpheline et le serin”