L’an 1725 , le 15 novembre, Mort de Gacon.
François Gacon, mauvais poète satirique, se fit une espèce de réputation, pour avoir beaucoup et mal écrit contre Rousseau (le poète), Fontenelle et La Mothe; il étoit de ceux dont Voltaire dit:
Ayant la rage et non l’art de médire.
On connoît l’épigramme de Rousseau contre Gacon et contre un de ses prôneurs.
Gacon rimailleur subalterne
Vante Siphon le barbouilleur, ‘
Et Siphon peintre de taverne
Prône Gacon le rimailleur.
Or en cela certain railleur
Trouve qu’ils sont tous deux fort sages:
Car sans Gacon et ses ouvrages,
Qui jamais eût vanté Siphon?
Et sans Siphon et ses suffrages,
Qui jamais eût prôné Gacon!
Sa traduction d’Anacréon en vers français, eut dans le tems quelque célébrité. Son Poète sans fard est maintenant oublié.
Gacon avoit été oratorien; il quitta cette congrégation pour se livrer à la satire. Il avoit fait contre La Mothe un ouvrage intitulé : Homère vengé ; il espéroit s’attirer une réponse de La Mothe, et s’illustrer par celte grande rivalité. La Mothe se vengea en ne lui répondant point. « Vous n’y gagnerez rien, lui dit Gacon irrité de ce mépris, je fais actuellement imprimer ma réponse au silence de M. de La Mothe. » Cette idée valoit mieux que toutes ses satires.
Gacon avoit remporté, en 1716, un prix à l’Académie française. Gacon reprit l’habit ecclésiastique; il eut le prieuré charmant de Baillon, près de l’abbaye de Royaumont. « Ce n’est pas là , dit-on alors, le bâillon qu’il méritoit. »
Lorsque Rousseau se fut réconcilié avec La Mothe , on lui demanda si Gacon n’entremit pas dans le traité : « Belle demande, repondit-il; quand les généraux des deux armées sont d’accord, la paix n’est-elle pas censée faite avec les goujats ? »
(Ephémérides politiques, littéraires et religieuses: présentant pour chacun des jours de l’année, un tableau des événements remarquables qui datent de ce même jour dans l’histoire de tous les siècles et de tous les pays, jusqu’au 1er. janvier 1812. – François-Joseph-Michel Noël, 1812) (Sur la mort de François Gacon)
François Gacon, 1667 – 1725