Certain auteur Persan rapporte que les Troglodytes, peuple extrêmement cruel, sans Dieu, sans culte, voyant leur pays ravagé par une cruelle maladie, firent venir un habile médecin de la contrée voisine, qui donna ses remèdes si à propos qu’il guérit ceux qui se mirent entre ses mains. Quand la maladie eut cessé, il alla chez tous ceux qu’il avait traités demander son salaire ; mais il ne trouva que des refus : il retourna dans son pays, et y arriva accablé des fatigues d’un si long voyage. Mais bientôt après il apprit que la même maladie se faisait sentir de nouveau, et affligeait plus que jamais cette terre ingrate. Ils allèrent à lui, et n’attendirent pas qu’il vint chez eux. Allez, leur dit-il, hommes injustes, vous avez dans l’âme un poison plus mortel que celui dont vous voulez guérir ; vous ne méritez pas d’occuper une place sur ta terre, parce que vous n’avez point d’humanité, et que les règles de l’équité vous sont inconnues : je croirais offenser les Dieux si j’obligeais des gens qui ont renoncé à tout sentiment de reconnaissance, et qui ne connaissent que l’ingratitude de l’athéisme.
“Un Médecin et les Troglodytes”
- Hippolyte de la Courcelle, 18..