De asino pelle leonis induto
Metiri se quemque decet propriisque iuuari
Laudibus, alterius nec bona ferre sibi,
Ne detracta grauem faciant miracula risum,
Coeperit in solitis cum remanere malis.
Exuuias asinus Gaetuli iam forte leonis
Repperit et spoliis induit ora nouis.
Aptauitque suis incongrua tegmina membris,
Et miserum tanto pressit honore caput.
Ast ubi terribilis aramo sic circumstetit horror,
Pigraque praesumptus uenit in ossa uigor,
Mitibus ille feris communia pabula calcans
Turbabat pauidas per sua rura boues.
Rusticus hunc magna postquam deprendit ab aure,
correptum uinclis uerberibusque domat,
Et simul abstracto denudans corpora tergo,
Increpat his miserum uocibus ille pecus:
Forsitan ignotos imitato murmure fallas,
At mihi, qui quondam, semper asellus eris.
Le Paysan et l’Ane
On doit s’apprécier à sa mesure et se contenter de son mérite personnel sans s’approprier les avantages d’autrui, de peur de devenir profondément ridicule une fois dépouillé d’un éclat d’emprunt et réduit de nouveau à ses seuls défauts. Un âne trouva une peau de lion de Gétulie, se couvrit la face de cette dépouille étrange, adapta à son corps cette enveloppe qui lui convenait si peu et chargea sa tête de malheureux d’apparences si prestigieuses. Mais, dès que autour de l’âne régna la terreur et que dans ses membres paresseux se fut répandue une vigueur imaginaire, il foule de ses pieds les pâturages communs des bêtes paisibles et alarme dans leurs prairies les génisses craintives. Un paysan le reconnaît à ses longues oreilles, le prend dans un licol et le réduit en lui donnant des coups. Puis, lui ôtant la peau du lion, il laisse nu le misérable animal et lui adresse ces reproches : « Peut-être ceux qui ne te connaissent pas se laisseront-ils tromper par un rugissement imité; mais pour moi, comme jadis, tu seras toujours un pauvre âne.