De nutrice et infanti
Rustica deflentem paruum iuraverat olim
Ni taceat, rabido quod foret esca lupo.
Credulus hanc vocem lupus audiit, et manet ipsas
Pervigil ante fores, irrita vota gerens.
Nam lassata puer nimiae dat membra quieti;
Spem quoque raptori sustulit inde fames.
Hunc ubi silvarum repetentem lustra suarum
Ieiunum coniux sensit adesse lupa:
Cur, inquit, nullam referens de more rapinam,
Languida consumptis sed trahis ora genis?
Ne mireris, ait, deceptum fraude maligna
Vix miserum vacua delituisse fuga.
Nam quae preda, rogas, quae spes contingere posset,
Iurgia nutricis cum mihi verba darent?
Haec sibi dicta putet seque hac sciat arte notari,
Femineam quisquis credidit esse fidem.
1 – La Paysanne et le Loup
Un jour, une paysanne dont l’enfant pleurait l’avait grondé en le menaçant, s’il ne se taisait, de le faire manger par le loup féroce. Un loup trop crédule entend ces paroles et reste à la porte, montant la garde et faisant des vœux inutiles. Car, cédant à la fatigue, l’enfant tombe dans un long sommeil et ôte ainsi au ravisseur jusqu’à l’espoir d’assouvir sa faim. Quand il regagna sa retraite dans les forêts et que la louve son épouse le vit rentrer à jeun : « Pourquoi, lui dit-elle, ne rapportes-tu pas de butin, comme d’habitude? et pourquoi as-tu cette face défaite, cet air déprimé et renfrogné? » — « Ne t’étonne point, répondit-il, si, trompé par une méchante ruse, j’ai pu à peine, hélas ! me sauver sans rien dans les dents. Car, de quelle proie, effrontée, de quel espoir même pouvais-je me repaître, quand par ses gronderies une nourrice me payait de mots? » Que celui-là se sente ici visé et désigné qui a eu foi à la parole d’une femme.