de quattuor iuvencis et leone
Quattuor immensis quondam per prata iuvencis
fertur amicitiae tanta fuisse fides
ut simul emissos nullus divelleret error
rursus et e pastu turba rediret amans,
hos quoque collatis inter se cornibus ingens
dicitur in silvis pertimuisse leo,
dum metus oblatam prohibet temptare rapinam,
et coniuratos horret adire boves.
+sed+ quamvis audax factisque immanior esset,
tantorum solus uiribus impar erat.
protinus aggreditur pravis insistcre verbis,
collisum cupiens dissociare pecus.
sic postquam dictis animos disiunxit acerbis,
invasit miserum diripuitque gregem.
tunc quidam ex illis «vitam servare quietam
qui cupit, ex nostra discere morte potest.
Neve cito admotas verbis fallacibus aures
impleat, aut veterem deserat ante fidem.»
Les taureaux et le Lion
Quatre magnifiques taureaux, dit-on, en paissant dans les prés, se lièrent entre eux d’une amitié si étroite que, quittant l’étable ensemble, ils ne s’écartaient jamais les uns des autres, et qu’ensemble ils rentraient du pâturage comme en triomphe. Ces compagnons, en unissant leurs cornes, avaient inspiré de la terreur à un énorme lion habitant la forêt. La crainte, en effet, l’empêche de rien tenter pour s’emparer d’une proie à sa portée; il a peur d’affronter les taureaux si bien ligués et, malgré son audace et sa cruauté pire encore que ses forfaits, seul il se sent trop faible contre des adversaires si forts. Aussitôt il commence à procéder par les méchants propos pour dissoudre l’alliance des taureaux. Ainsi, après avoir par des discours envenimés divisé les esprits, il se jeta sur le malheureux troupeau et le mit en pièces. Un des taureaux dit alors : « Celui qui voudra conserver une vie tranquille peut retirer une leçon de notre mort; qu’il ne se laisse pas trop facilement remplir les oreilles de discours trompeurs, au point d’en venir à rompre une vieille amitié.»