de quercu et harundine
De quercu et harundine.
De quercu et harundine.
Montibus e summis radicitus eruta quercus
decidit insani turbine uicta noti.
quam tumidis subter decurrens alueus undis
suscipit et fluuio praecipitante rapit.
uerum ubi diuersis inpellitur ardua ripis,
in fragiles calamos grande residit onus.
tunc sic exiguo conectens caespite ramos
miratur liquidis quod stet harundo uadis.
se quoque tam uasto rectam non sistere trunco,
ast illam tenui cortice ferre minas.
stridula mox blando respondens canna susurro
seque magis tutam debilitate docet.
«tu rapidos,» inquit, «uentos saeuasque procellas
despicis et totis uiribus acta ruis.
ast ego surgentes paulatim demoror austros,
et quamuis leuibus prouida cedo notis.
in tua praeruptus se fundit robora nimbus,
motibus aura meis ludificata perit.»
haec nos dicta monent magnis obsistere fluxa,
paulatimque truces exsuperare minas.
Le Chêne et le Roseau
Du sommet des montagnes tomba un chêne déraciné, abattu par les tourbillons d’un vent déchaîné. Un torrent dont les eaux gonflées baignaient son pied, l’enlève et l’emporte dans son courant impétueux. Mais l’arbre de haute futaie, après avoir été poussé d’une rive à l’autre, s’arrête au milieu de frêles roseaux retenu par sa masse énorme. Alors, tandis que ses branches se mêlent à un mince gazon, il s’étonne que sur ces humides bords le roseau tienne bon, que lui-même, malgré l’ampleur de son tronc, ne puisse résister à la tempête, dont cette faible tige peut braver les menaces. Aussitôt le roseau qui siffle sous le vent lui répond dans un aimable murmure et lui apprend que ce qui le met davantage en sûreté, c’est sa faiblesse. « Tu méprises, dit-il, les vents violents et les tempêtes furieuses; mais, sous les attaques de toutes leurs forces réunies, à la fin tu succombes. Moi au contraire je ne fais que retarder le vent qui se lève peu à peu et, si léger qu’il soit, je baisse prudemment la tête. Dans tes branches robustes l’orage se déchaîne et s’engouffre; ma souplesse se joue du vent et ses efforts sont perdus. » Ces paroles nous apprennent que c’est en vain qu’on résiste aux grands, mais que l’on triomphe peu à peu de leurs menaces farouches.