Pierre-François-Albéric Deville, homme de lettres, né à Angers, le 15 avril 1773, est le fils d’un marchand de meubles de cette ville. Il fut nommé, en 18o3, par le district de Sens, élève aux écoles normales, et obtint au concours , en 1798, la chaire d’histoire naturelle de l’école centrale du département de l’Yonne. Il a inséré pendant quinze ans des poésies lyriques dans plusieurs ouvrages périodiques. Il est mort le 25 avril 1832.
FABLES :
- Le Curieux et la Rose
- Le Chêne et la Mousse
- Le Lilas et la pêche
- Le Médecin et le Souci pluvial
- Le Lis et l’Abeille
- La Pensée et le Souci
Avant-Propos :
Extraits…
Deville, Pierre-François-Albéric 1773-1832 – Fables Anthologiques, ou les fleurs mises en action… La Fontaine et plusieurs de ses successeurs n’ont point pris les Fleurs pour sujets de leurs fables. Cependant le langage du Chêne et du Roseau autorisait celui des filles de Flore. Ce modèle sublime devait inspirer tous les fabulistes ; et chez un grand nombre de poètes modernes les Fleurs, notamment les Roses, expriment les sentiments qu’on leur prête, d’après leurs formes, leur port, leurs couleurs, leur instinct et leurs propriétés ; ils ont donc mis en scène la Reine des Fleurs, le Lis majestueux, l’inconstante Tulipe, l’égoïste Narcisse, la coquette Belle – de – Jour la modeste Violette, le narcotique Pavot, le triste Souci, etc…
Combien de comparaisons agréables, d’images riantes, d’allégories ingénieuses nous offre à chaque pas le règne charmant dans lequel la Nature a donné à ses merveilles tant de grâces, de magnificence et de suavité !
De tout temps les Fleurs ont été considérées comme le symbole de la jeunesse, de la beauté, de la reconnaissance. En Asie, les sentiments délicats de l’amour et de l’amitié s’expriment par des Fleurs, et, dans nos jeux de sociét, l’on s’amuse à former des bouquets dont chaque Fleur est un emblème. Nous voyons l’espérance dans sa verdure, l’innocence dans sa blancheur, la pudeur dans sa teinte purpurine. Ces douces allusions, aussi anciennes que le monde, ne vieilliront jamais ; car chaque printemps en renouvelle les sujets.
Certains critiques prétendent qu’on ne doit pas prêter un langage aux Fleurs, parce qu’elles n’ont pas l’organe de la parole. Cependant les meilleurs fabulistes font parler, non seulement les végétaux, mais encore les minéraux. François de Neufchâteau, poète ingénieux et correct, a mis en scène la Cire et la Brique, la Cloche et son Battant, l’Eau et la Barque, la Fumée et la Flamme. A l’exemple des mythologistes qui nous représentent Baucis changée en Tilleul, Cyparisse en Cyprès, Daphné en Laurier, Clytie en Héliotrope, Sirynx en Roseau, etc… les fabulistes peuvent bien accorder aux Fleurs le don de la parole.
… Les fables que nous offrons aux amis des Fleurs ont été d’abord composées en prose dans le but d’animer les leçons d’un cours de botanique. Ce moyen nouveau de fixer dans la mémoire les caractères et les propriétés des plantes singulières ou peu connues, ayant paru à plusieurs botanophiles digne d’être propagé, nous avons pensé que les vers y prêteraient quelque charme. On nous pardonnera, sans doute, la gaieté du dialogue en faveur de la bizarrerie de quelques sujets.
Nous avons placé à la suite de ces fables, et par ordre alphabétique, des notes sur les végétaux qui s’y trouvent mis en action.
Fables Anthologiques, ou les fleurs mises en action. 1828
Ancien professeur d’histoire naturelle à l’Ecole centrale de l’yonne.
PAR ALBÉRIC DEVILLE, D. M.,