Pierre-François-Albéric Deville
Un Curieux, dans un parterre,
D’un Rosier contemplait les fleurs ;
L’une d’elles par ses couleurs,
Sa forme et sa taille légère,
L’emportait sur toutes ses sœurs.
De la cueillir il n’avait nulle envie ;
Mais en voulant l’examiner de près,
Il éprouva qu’une épine ennemie
Menaçait ses doigts indiscrets.
« Ah ! tu veux me piquer, dit-il à la coquette ;
Crois-tu doubler par-là le prix de tes faveurs ?
Il est plus d’un moyen de vaincre les rigueurs ;
Et malgré toi tu seras ma conquête. »
Ô vous, qui causez nos ardeurs,
Elles vous font, souvent, repentir d’être belles :
L’Amour, si vous cédez , s’enfuit à tire-d’ailes ;
Résistez-vous, il tourmente vos cœurs.
“Le Curieux et la Rose”