Jean-Pierre Claris de Florian
Poète, romancier et Fabuliste XVIII° – fables – Le Calife, analyse et résumé
Si le premier recueil des contes d’Andrieux datait d’avant 1890, on pourrait accuser Florian de plagiat ; mais, il est bien possible en revanche qu’Andrieux se soit inspiré de la fable de Florian le Meunier Sans-Souci et le Calife se ressemblent étonnamment cependant il manque au Calife la vivacité, l’entrain, la bonne humeur du Meunier la fable est écrite sur le ton sentimental.
C’est là que je suis né, c’est là qu’est mort mon père
Mon vieux père y mourut, mon fils y vient de naître.
C’est la même idée, presque la même expression..
Cet insolent discours excita la colère et
Ce refus effronté
Avec un grand scandale au prince est rapporté.
Ce passage est semblable aussi, et l’on pourrait multiplier les rapprochements. Enfin, la conclusion est la même le Calife et le Prince respectent la justice, au moins en cette circonstance. Florian est plus sentencieux au lieu de la boutade du Meunier
Oui, si nous n’avions pas de juges à Berlin,
nous trouvons ces vers solennellement mis dans la bouche du Calife.
En voyant le palais, ils diront « Il fut grand
En voyant la chaumière, ils diront Il fut juste. »
On peut se demander si la chaumière, que l’auteur nous présente comme antique et délabrée, résistera longtemps, assez longtemps pour que les « neveux » puissent la considérer en même temps que le palais. Ce Calife me fait l’effet de respecter la justice à peu de frais : la chaumière ne tardera pas à tomber d’elle-même et le palais restera débarrassé de cette verrue qui nuit à son aspect. Mais je m’aperçois que j’ai lu la fable trop vite. J’ai voulu chercher la petite bête et voici que je tombe sur ce vers « J’ordonne qu’à mes frais elle soit réparée. Mille excuses, ô Calife mille pardons, Florian ! Combien de critiques, et de plus graves, sont faites ainsi à la légère et qui ne résistent pas à une lecture attentive du texte ! J’en pourrais citer plus d’une à l’adresse de Racine ou de Molière. Mais revenons à Florian. Sa fable débute par une description d’un palais plus magnifique « que celui de Salomon. Toutes les matières les plus précieuses contribuent à sa beauté l’art et la nature rivalisent pour l’enrichir. Hélas! qu’est-ce que des fontaines jaillissantes qui roulent leurs eaux bondissantes à côté des lits de brocard ? Ce doivent être des fontaines en chambre mais je ne m’imagine pas bien ce que c’est. A coup sûr ce sont de ces ornements faux que l’auteur nous a annoncés dans sa première fable. « Petit produit d’un grand travail» me fait l’effet d’une antithèse un peu cherchée. J’aime mieux l’autre opposition « Point envieux, point envié », qui pourrait servir de devise à l’honnête homme satisfait d’une situation modeste. Encore ne dépend-il pas de nous d’être ou de n’être pas enviés. Le Tisserand n’a rien de l’aplomb ni de la verve du Meunier. On lui porte de l’or il refuse « doucement ». Il sait que le Calife est le maître il se soumet à tout l’idée de la justice ne lui vient pas. Il est vrai que nous sommes en Turquie, mais monarque pour monarque, le pays n’y fait rien et Frédéric ne se souciait guère plus de la justice que le Tisserand ne songe à l’invoquer. Il se contentera d’une protestation muette et résignée il viendra chaque matin s’asseoir sur la dernière pierre de son réduit et y pleurer sa misère. J’aime assez cette pensée, mais nous tombons dans le sentiment. Il compte sur le bon cœur du Calife. Il est heureux pour lui que le Calife ait en effet le cœur bon ; mais je cherche en vain ce que sa réponse a d’insolent.
En résumé, la fable me paraît passable peut-être est-elle ,bonne, mais le souvenir de Sans-Souci brouille mes impressions.
Fable de Florian, Le Calife analysée et résumé
- L’Enseignement secondaire des jeunes filles : revue mensuelle…