Nicolas François de Neufchâteau
Alcide peut compter plus de douze travaux.
Comme il courait un jour et par monts et par vaux,
Il vit un arbre épais qui lui barrait sa route.
Il voulut le briser; mais l’arbre, sous ses coups,
Semblait croître et grossir. On voit d’ici, sans doute,
Le fier vainqueur de l’hydre enflammé de courroux.
Il redouble d’efforts, soulève sa massue,
Et croit en écraser cet arbre audacieux ;
Mais l’arbre n’en devient que plus prodigieux,
Et ferme le chemin, sans y laisser d’issue.
D’une telle merveille Hercule stupéfait,
Ne pouvait expliquer la nouveauté du fait.
Minerve, en ce moment, apparut à son frère:
« Ne sois pas étonné de ton peu de succès,
« Dit-elle; ici ta force à toi-même est contraire;
« Car cet arbre est celui qui porte les procès.
« Leurs germes malheureux ne peuvent disparaître
« Qu’autant qu’à les combattre on ne s’attache pas;
« Mais, plus on les provoque, et plus on les fait croître;
« Des monstres c’est le seul qui ne craint point ton bras. »
“Hercule et Minerve”