Jean François Haumont
Militaire, poète et fabuliste XVIIIº – La Poule et les Perdreaux
Une poule élevait avec empressement
Des perdreaux sa chère couvée ;
Ce n’était pas une corvée ;
Quand on est mère, on aime tendrement !
Des enfants adoptés, la petite famille
Obéissait toujours, était douce et gentille :
Dès que l’on voyait un danger,
Vite, sous l’aile on courait se loger.
Tant que dura la tendre enfance,
Même jusqu’à l’adolescence,
Les soins et l’éducation,
Tout allait à perfection :
Le besoin d’un côté, de l’autre la tendresse,
Formaient l’heureux accord qui toujours intéresse.
En croissant, on voltige ; et devenant plus forts,
Tous les perdreaux un jour prirent l’essor.
Où fuyez-vous ? disait la mère désolée ;
Ingrats ! par mes enfants me voilà délaissée !
Je ne peux suivre, dans les airs,
Votre course rapide au bout de l’univers.
Le trépas vous attend, revenez sous mon aile ;
Ne vous souvient-il plus de l’amour maternelle ?
Notre départ n’est pas un grand malheur,
Répondent les perdreaux, calmez votre douleur:
Nous suivons les destins qui nous seront propices ;
Adieu ; nous n’avons plus besoin de vos services.
Hélas ! ceci n’est pas nouveau :
Combien d’enfants ingrats font comme le perdreau !
Sitôt que l’on peut se passer
Des soins bienfaisants d’une mère,
On craint fort peu de l’offenser,
On ne cherche plus à lui plaire.
Jean François Haumont