Étienne Fumars
Poète et fabuliste XVIIIº – L’Amour vainqueur de l’indifférence
Aimerai-je toujours
Un ingrat qui m’offense ?
Non, allons abjurer de trop folles amours
Au temple de l’indifférence.
Ainsi parlait Églé ; mais l’Amour en secret,
D’un air satisfait et perfide,
La regarde partir, et rit de son projet.
Elle vole, elle suit le dépit qui la guide.
Elle arrive ; l’on ouvre, et du temple ennuyeux
Traversant aussitôt la froide solitude :
Quoi ! dit-elle, je suis presque seule en ces lieux ?
Accourez tous, amants ; ici l’on est heureux.
Déjà je ne sens plus ma vive inquiétude ;
Et déjà je jouis de la félicité.
Elle se jette aux pieds de la divinité :
Trop heureuse déesse,
Vous savez pour Atys quelle fut ma tendresse.
…..Vous…. mais que vois-je ? Atys ! ô dieux !
Églé se tait, baisse les yeux.
Achève donc, lui dit la déesse étonnée.
Pourquoi ce trouble, amante infortunée ?
L’Amour est un tyran ;
Mais contre lui je saurai te défendre :
Tu venais demander d’oublier ton amant ?
— Non, je venais reprit-elle à l’instant,
Pour vous prier de me le rendre.
Étienne Fumars, L’Amour vainqueur de l’indifférence