Rien n’est si bon qu’un protecteur.
Au plus chétif le patronage
Donne une certaine valeur.
Souvent le nom d’un grand seigneur
Fit tout le succès d’un ouvrage.
Ainsi profite la faveur
A quiconque veut s’y soumettre ;
Et nous portons au serviteur
Le respect qu’on porte à son maître.
Un Arabe contait que près du logement
Où l’Âne d’un Pacha faisait sa résidence,
Un pauvre homme vendait des dattes au passant
Pour l’animal c’était, je pense,
Un repas confortable, un mets des plus exquis.
Las de n’avoir qu’en espérance
Ce mets délicieux que sans peine il eût pris,
Une fenêtre aidant, l’Âne allonge sa langue,
Des dattes du marchand dîne ainsi sans façon
Malgré ses cris et sa harangue.
Celui-ci saisit un bâton
En veut frapper le personnage.
Quelqu’un entendant ce tapage :
Enlève tes dattes d’ici,
Dit-il, et ne fais pas tant de bruit, mon ami.
Laisse en paix ce baudet et que tes mains profanes
N’exercent pas sur lui de mauvais traitements.
Apprends que même dans leurs ânes
On doit respecter les puissants.
“L’Âne du Pacha”