On m’a conté qu’une bourrique,
En dépit de sa voix, et du peu de talents
Que l’avare nature orna ces sottes gens,
Voulut apprendre la musique.
Pour réussir en son projet,
L’animal chaque jour allait dans la foret,
Étudier le chant de Philomèle.
Il ne l’eut pas entendu quatre fois,
Qu’il se flatta de l’emporter sur elle.
Ah ! vraiment, disait-il, j’ai bien une autre voix.
Je vais gager, sans trop de vaine gloire,
Que tous les chantres de ce bois
Au moindre de mes sons céderont la victoire.
Aussitôt l’orgueilleux baudet
Se met à braire à pleine tête.
Effrayé de cette tempête ,
Dans tous les environs le peuple ailé se tait.
C’en fut assez, l’impertinente bête
S’attribua l’honneur d’un triomphe parfait.
“L’Âne et le Rossignol”