Nicolas François de Neufchâteau
Le Charbonnier dit au Foulon :
« Ta case est trop étroite, et la mienne est plus vaste ;
« Tu serais mieux chez moi, mon compère: allons, baste !
« Viens demeurer dans ma maison. »
Le Foulon lui répondit : « Non,
« Mon cher; c’est un trop grand contraste
« Entre ma craie et ton charbon.
« Etant sous même toit, comment pourrions-nous faire ?
« Ce que tu veux noircir, moi, je l’éclaircirais.
« Ce que je dois blanchir, par un effet contraire,
« Sans cesse tu l’obscurcirais.
« Entendons mieux nos intérêts,
« Et n’allons pas manquer tous les deux notre affaire,
« En voulant nous loger si près. «
L’offre du Charbonnier était d’un homme honnête;
Le refus du Foulon est d’une bonne tête.
Méditons sa réponse ! Elle nous fait sentir
Qu’avant de vivre ensemble il faut bien s’assortir.
“Le Charbonnier et le Foulon”