Quand un puissant ennemi
Est endormi,
Qui vient troubler son silence
Fait imprudence.
Dans un antique et paisible château,
Vis-à-vis d’un bon feu, sur un moelleux manteau,
Dormait un chat, du moins en apparence ;
Soudain un rat vers lui s’avance
Et, près du noir foyer, se met à tournoyer,
À prendre ses ébats, caresser sa moustache,
Et jouer avec le panache
De la queue aux poils gris de sire d’Angora.
Devinez-vous ce qu’il arrivera ?*
Déjà, l’hôte rongeur, au comble de sa joie,
Voulait regagner son trou,
Quand aussitôt le matou
Met la griffe sur sa proie
Lui disant, d’un air furieux,
En dressant vivement l’oreille :
” C’est toi, vil polisson, toi, lorsque je sommeille,
Qui viens tirer mon pelage soyeux ! ”
Le rat, plus mort que vif, ne sait alors que dire
Et, de son ennemi, sous l’étreinte il expire.
Apprenons, en plaignant son sort,
Que pour avoir la paix, il nous faut être sage ;
Qu’en bonne politique, aussi bien qu’en ménage.
Chacun doit prudemment suivre ce vieil adage.
*Étonnante emploi des temps pour suivre la rime.
“Le Chat et le Rat”