Le Geai paré des plumes du Paon, commentaires et analyses de MNS Guillon,1803.
- Le Geai paré des plumes du Paon.
(1) Se panada. C’est le terme propre. Panader, faire le paon.
(2) . . . . Il se vit baffoué,
Berné, sifflé, moqué, joué. Cette accumulation de termes , dont aucun n’est synonyme, marque les vengeances diverses auxquelles il est en proie. L’impudence et le vol sont bafouée. La lourde stupidité est bernée ( voyez dans Don Quichotte, comment on berna le pauvre Sancho Pança). On siffle la sottise prétentions ( la Judith de Boyer, sifflée). On se moque de la vaine gloire. On joue, on parodie celui qui veut paroitre ce qu’il n’est pas. C’est de toutes les insultes la plus cruelle, celle qui blesse le plus directement l’amour-propre.
J. B. Rousseau :
Et tout leur, saoul l’ayant berné, hué,
Croquinolé, souffleté, conspué,
Pour dernier trait son masque lui reprirent.
(L. I. Allég. II, p, 132.) (3) Il est assez de Geais à deux pieds comme lui, Mais Geais d’une autre espèce. Il va plus d’adresse à le laisser deviner au lecteur.
C’est à cette fable qu’Horace fait allusion, pour engager le poète Celsus à faire usage de ses propres richesses, et à ne pas se parer de celles que contenoit la bibliothèque palatine d’Auguste, de peur, dit-il, que si les oiseaux venoient en foule reprendre leurs plumes, la Corneille, dépouillée de ces parures empruntées, devienne la risée commune:
Ne si forte suas repetitum venerit olim
Grex avium plumas, moveat Cornicula risum.
(Epist. L. I. ép. -2. v. 18.)
C’est encore dans le même sens que Piron appelle M. de Voltaire le Geai du Paon. M. Lessing ne se contente pas de faire arracher au Plagiaire ses plumes d’emprunt: » Les Paons appercevant sur le dos de la Corneille quelques plumes luisantes de ses ailes, les lui enlèvent à coups de bec : celles-là même, ajoutent-ils, ne sauroient être à toi». (Le Geai paré des plumes du Paon).