La Fauvette avec la Linotte
Entre elles disputaient à l’ombre d’un buisson,
A qui savait le mieux cadencer une note
Et moduler une chanson.
Tandis qu’en sa mélomanie
Chacune se prétend reine de l’harmonie,
Et que, d’un petit ton vainqueur et triomphal,
En virtuose elle s’adjuge
La palme de l’art musical,
L’Alouette survient ; elle est prise pour juge,
Et voilà qu’à son tribunal
Chaque musicienne entonne et fait entendre
Son air le plus touchant, sa chanson la plus tendre.
Miss Alouette ayant prêté,
Du sommet du caillou qui lui sert de banquette,
A leurs accents rivaux une oreille distraite,
Se recueille avec gravité,
Et, cependant que chaque dame,
Impatiente, attend qu’elle proclame
Son nom, elle s’envole en leur sifflant: « Ma foi !
Celle qui, de vous deux, chante le mieux, c’est moi. »
“Le Jugement de l’Alouette”