« Tu montres de l’ardeur, à la cour, pour la brigue,
« Flatteuse : tu fais bien, avance, introduis-toi, »
Disait le Mérite à l’Intrigue,
« Car, ici-bas, chacun pour soi.
« Tu n’attends pas que l’on vienne te prendre,
« Quand le Mérite est las d’attendre.
« — Écoute, dit l’Intrigue au regard effronté :
« Je sais que le Talent, guidé par le Génie,
« Méprise les vains soins de cette courte vie,
« Et que la Médiocrité
« Souvent lui ravit tout ce qu’il a mérité.
« Je fonde en ma souplesse un plus grand avantage,
« J’encense la Faveur et l’épie au passage ;
« La Fortune et les Grands, obsédés par ma voix,
« Me renvoient satisfaite en me chargeant d’emplois;
« L’Occasion, fût-elle et chauve et sans oreilles.
« Je la saisis au bras avant que tu t’éveilles. »
“Le Mérite et l’Intrigue”