Tout émaillé des plus belles couleurs.
Un papillon près d’une abeille,
Caressait la rose vermeille,
Puis courait voltiger sur le sein d’autres fleurs.
Un enfant le voit et s’écrie : »
Ah ! Papa, le beau papillon !
Je vais le prendre; oh ! oui, je le parie..
Mais cette mouche avec son aiguillon
Me cause une frayeur extrême!
Papa, viens la tuer. — Mon fils, viens-t’en toi-même,
Lui dit le père, et donne-moi la main. »
L’enfant accourt, et se laisse conduire.
Ils arrivent bientôt vers le fond du jardin :
» Vois, mon ami, vois ces palais de cire.
Comme ils sont suspendus ! quel ordre ! quel dessin !
Contemple ce travail, regarde tout, admire :
Goûte de ce miel pur, de ce nectar divin.
Tu le trouve bien bon! Sais-tu qui le distille ?
Cette mouche s’occupe à ce travail utile .
Et nous comble de ses présents.
Maintenant viens aussi sous ces vertes charmilles ;
Tiens, regarde, vois-tu ces flocons de chenilles
Infecter les rameaux naissants ?…
Vois s’étendre partout ces rampantes familles
Et dévorer les trésors du printemps.
Eh bien ! du papillon ce sont là les enfants.
Méritent-ils tous deux une estime pareille?
L’un a des ailes d’or et l’autre un aiguillon :
Si tu viens d’admirer l’ouvrage de l’abeille,
Voilà, mon fils, celui du papillon.
Explication morale :
De bonne heure, mes enfants, apprenez à distinguer le clinquant de l’or véritable ; l’homme de mérite, vêtu d’un habit simple, du sot parfumé comme un bouquet, et paré comme une poupée. Les choses qui brillent le plus aux yeux, ne sont pas les plus utiles. Le jeune homme instruit est modeste; l’ignorant, presque toujours présomptueux, cherche à paraître avec avantage, et se fait bientôt apprécier.
On voit aussi par cette fable combien l’on est vraiment estimé dans le monde quand on y est utile par ses talents, ses connaissances ou son industrie. Tâchez donc de ne perdre aucun des moments de votre jeunesse, afin d’acquérir ce qui vous est nécessaire pour jouir un jour de cette considération publique dont tout homme estimable sent le besoin, et qui fait comme une partie de son existence. (Le Père et son Fils)
“Le Père et son Fils par Rouveroy”