Sur la verdure posée,
Et s’enivrant au soleil
D’une goutte de rosée,
La cigale, à son réveil,
Bénit la nature et chante :
Au loin, sa voix innocente
Annonce le bel été.
Sous un grand chêne abrité,
Anacreon l’écoute, il accorde sa lyre,
C’est la cigale qui l’inspire ;
Il chante la cigale, il chante les beaux jours,
Et l’innocence et les amours ;
Il chante les cœurs purs qui, comme la cigale,
Mènent devant tes dieux une existence égale.
Et confiant leur vie aux faveurs du soleil,
S’endorment sur la foi de l’horizon vermeil !
Une piqûre importune
Vient l’interrompre; il croit voir
S’agiter comme un point noir :
La fourmi difforme et brune,
L’avare et sotte fourmi
Qui ne chante pour personne,
Prête peu, jamais ne donne.
Et ne connaît pas d’ami.
Au loin, sa voix innocente
Annonce le bel été.
Sous un grand chêne abrité
Anacréon l’écoute, il accorde sa lyre,
C’est la cigale qui l’inspire ;
Il chante la cigale, il chante les beaux jours,
Et l’innocence et les amours;
Il chante les cœurs purs qui, comme la cigale,
Mènent devant les dieux une existence égale,
Et confiant leur vie aux faveurs du soleil,
S’endorment sur, la foi de l’horizon vermeil!
Une piqûre importune
Vient l’interrompre; il croit voir
S’agiter comme un point noir:
La fourmi difforme et brune,
L’avare et sotte fourmi
Qui ne chante pour personne,
Prête peu, jamais ne donne,
Et ne connaît pas d’ami.
Il veut écraser la bête ;
Mais la cigale, en chantant,
Attendrit son cœur content :
Peut-on, lorsqu’on est poète
Avoir un cœur sans bonté
Et sans générosité ?
La cigale, qui devine,
Dit au vieil Anacréon :
– En épargnant ma voisine,
Tu m’as payé ma chanson
La fourmi noire et chagrine
Eut grand tort de le blesser;
Mais pour sauver la mauvaise,
J’ai chanté, j’en suis bien aise,
Maintenant je vais danser.
Il veut écraser la bête ;
Mais la cigale, en chantant,
Attendrit son cœur content ;
Peut-on, lorsqu’on est poète
Avoir un coeur sans bonté
Et sans générosité?
La cigale, qui devine,
Dit au vieil Anacréon :
— En épargnant ma voisine,
Tu m’as payé ma chanson.
La fourmi noire et chagrine
Eut grand tort de te blesser;
Mais pour sauver la mauvaise,
J’ai chanté, j’en suis bien aise,
Maintenant je vais danser.
“Le Poète et la Cigale”